Je n’ai pas fêté Noël avec ma famille cette année. Une première. J’ai essayé de trouver un non-Noël au cours de mes 37 dernières années. Il n’y en a pas !
Les dents ont fortement grincé quand j’ai annoncé ma décision à ma famille et on m’a bien fait culpabiliser à coup de « c’est pas bien d’abandonner sa famille » ou « une famille ça sert à se serrer les coudes », etc. Sauf que ma famille, à quelques exceptions près (et ces exceptions ont compris ma décision), je ne peux pas dire qu’elle soit d’un grand soutien. Et je trouve que c’est un peu facile de faire du chantage à la famille quand on ne vit les choses que de très loin.
Qui m’a accompagnée aux rendez-vous médicaux ? Qui a supporté mes sautes d’humeur, mon stress, mon angoisse lors des traitements ? Qui m’a épaulée lors de l’attente post-transfert (définitivement les pires moments de ma vie) ? Qui a pleuré avec moi à chaque résultat négatif ? Qui me réconforte quand les douleurs d’endométriose me font annuler une sortie ? Hormis mon mari et parfois une amie ou deux, personne. Et c’est sans doute normal. Mais qui m’envoie de temps en temps un petit message d’encouragement, un petit message de soutien, un « je pense à toi », un « j’imagine que les fêtes de fin d’année sont un moment difficile pour toi/vous » ? Des ami(e)s, des bloguines (copines blogueuses) et même… ma banquière (bon, c’est aussi la maman d’une très bonne amie). Ces personnes n’abordent pourtant pas le sujet si je n’en parle pas, mais je sais qu’elles sont là. Et dans ces personnes, il n’y a presque personne de ma famille.
Non, ma famille préfère le silence ou le rentre-dedans. A coup de « ok tu souffres mais viens quand même » (pour faire semblant ? pour maintenir les apparences ?) ou de brutal « mais vous en êtes où alors ? Vous voulez pas adopter ? »…
Je ne vous ai encore jamais parlé de « ma » psychologue. Elle m’est d’un grand secours. Notamment avant les fêtes parce que je me sentais affreusement mal d’avoir pris cette décision de ne pas fêter Noël avec ma famille. Elle a su me réconforter, me montrer combien un changement d’habitude dans une famille est difficile à assimiler parce que cela nécessite une remise en cause de chacun. Et puis là, je leur ai clairement montré ma souffrance et ma limite, et c’est sans doute également douloureux pour eux. Et personne ne peut plus faire semblant d’ignorer combien tout cela est violent pour moi. Après tout, les autres fois pour Noël ou les baptêmes ou les anniversaires de mariage, ma présence et mes efforts à donner le change ne signifiait-elle pas un peu pour eux : « elle n’a pas l’air d’aller si mal » ?
J’ai bien conscience de la brutalité de ma décision et de l’absence de négociation que cela a entraîné de ma part. J’ai reparlé de l’adolescence à ma psychologue parce que je sais très bien que je n’ai jamais réellement fait ma « crise ». J’ai toujours été très soumise, notamment vis à vis de ma mère. Et c’est comme si 20 ans plus tard, je claquais enfin une porte – symbolique – au nez de ma mère.
En 2019, je souhaite simplement poursuivre ce travail de différenciation et digérer enfin mon enfance brisée et mon adolescence (utopie ?!).